La culture biologique prend peu à peu de l’ampleur partout dans le monde. L’année 2015 en France a été l’apogée de ce mouvement avec une hausse de la consommation de produits biologique la plus forte jamais connu jusqu’alors. Mais qu’en est-il en Thaïlande?
Un essor des fermes biologiques et des économies autonomes
La Thaïlande connaît peu à peu, en dehors des grandes villes et principalement dans le nord du pays, une augmentation des fermes biologiques. Des projets de WWOOFING, impulsé par les habitants a destination des étrangers voient le jour régulièrement. Il s’agit d’un échange de procédé où l’invité vaque à divers travaux dans la ferme biologique en contrepartie d’un logement et de nourriture ou autres services qui diffèrent en fonction de chaque lieu. C’est aussi un échange de culture et de savoir entre des personnes de nationalités différentes, qui se retrouvent et se réunissent autour d’un même intérêt commun: celui d’une vie saine. La spiritualité et le respect de la terre, de son corps et donc de son esprit sont en effet des notions étroitement liées. Pays enclin à la religion bouddhiste, il n’est pas étonnant alors de voir au fur et à mesure des structures plus respectueuse de l’environnement et de l’Homme se développer.
Des économies alternatives et indépendantes voient également le jour. Des fermes auto-suffisantes sont créées dans le but de nourrir la population locale et de ne pas dépendre du système de consommation existant. Ne pas répéter la même erreur que les autres pays du monde. Un français est parti à la conquête de ce nouveau marché: Straton Alexandre. Entrepreneur français habitant depuis 25ans en Thaïlande et amoureux de la nature depuis toujours, Straton Alexandre a monté une ferme biologique autonome aquaponique à Mae Sot. Son objectif premier était de sensibiliser les populations locales et surtout les populations ethniques en leur transmettant son savoir et de les aider à produire une culture respectueuse de l’environnement et indépendante.
Selon l’IFOAM, 7405 fermes biologiques sont recensées aujourd’hui en Thaïlande
Du bio, vraiment?
Cependant, que veut dire « bio » en Thaïlande? On connait plusieurs labels contrôlés en France permettant de s’assurer de la qualité de cette mention mais dans le royaume la chose est toute autre. Plusieurs enseignes mettent le doute. Vous avez peut être déjà remarqué que certains produits disposaient de l’attache « healthy« , il ne s’agit en aucun cas de produits issus de l’agriculture biologique. Cela induit seulement une réduction des pesticides et engrais, mais ils sont toujours bel et bien présents.
Les principaux labels biologiques en Thaïlande
Certains vont alors profiter de ce manque de structure qui existe autour de la production biologique. Des restaurants vont mentionner que ses produits sont biologiques sans aucune vérification ou label d’exposé. Il en va de même pour certaines fermes se revendiquant bio mais qui continuent encore d’utiliser une grande quantité d’engrais et de pesticides.
Une faille subsiste dans le production biologique. En effet, la difficulté d’approvisionnement en eau, l’exode rural et les terres abîmées par les pesticides encourage les populations à utiliser des produits non naturels pour leurs sols, en compensation du manque de minéraux naturellement présents… Qui ont été détériorés par ces mêmes pesticides et engrais. C’est un cercle vicieux et il est difficile d’en sortir si on ne dispose pas de moyens conséquents. En effet, l’agriculteur a des obligations de rendement, pour avoir une situation économique convenable; d’où la nécessité de produire localement et de façon autonome dès le début.
La qualité et la prise au sérieux du bio représente encore un long chemin à faire.
Éduquer les populations
L’agriculture biologique ne peut exister, ou du moins subvenir s’il n’y a pas de demande. Sujet récent dans le pays, les principaux consommateurs de produits biologiques sont les expatriés américains, européens et japonais, car sensibilisés depuis plus longtemps à ce mouvement. Mais est-ce vraiment à ce niveau que l’apprentissage doit se faire, est ce la réelle cible? Le profil type du consommateur de produit bio en Thaïlande, selon une étude de l’IFAMA est une femme de 35ans en moyenne, mère, cultivée et ayant un niveau de vie aisé.
Cependant, même si la question du bio est récente en Thaïlande et que la classe populaire y est pour le moment plus ou moins insensible, les esprits commencent à s’éveiller. Booster par une envie de prendre soin de leur santé, les thaïlandais, même s’ils ne sont pas encore client de ce type d’agriculture s’intéresse et pose des questions. On assiste alors à une augmentation de salons, de marché et de plantations bio qui émergent de ci et de là. On peut même en voir sur les toits des centres commerciaux jusque dans la capitale. Sur le toit de Siam Center, par exemple, il est possible de cultiver riz, légumes, herbes et fleurs 100% bio. Des visites et des activités sont organisées chaque semaine pour sensibiliser davantage les populations.
Le « manger sain » prend de l’ampleur mais c’est souvent lors d’un événement particulier que les personnes choisissent de changer leur comportement de consommation. La première cause de changement équivaut à la naissance d’un enfant. En effet, il représente une place importante en Thaïlande et par soucis de sa santé, nombre de parent vont alors changer leur consommation et se tourner vers des produits d’origine biologiques.
Un gouvernement sensible à la question
Le gouvernement, sous l’impulsion du roi actuel est impliqué dans la question du biologique à venir. Il encourage les agriculteurs à cultiver leur propre terre et à la vente locale. Il encourage également à pratiquer la polyculture biologique, car la monoculture et le fort rendement imposé par les multinationales peut être un danger en cas de fluctuation ou de tout événement inattendu sur ce dît marché.
Même si en terme d’environnement et de gestion de la pollution, la Thaïlande est encore un mauvais élève, il se pourrait qu’elle se fasse une place de choix dans le biologique. Des actions ont été mise en place pour encourager le mouvement: subventions débloquées pour venir en aide aux agriculteurs bio locaux, formations en agriculture biologique (fondation Khao Kwan et Ploen Khao Baan), champs de démonstration, centres d’information… Le spectre d’action est large.
Depuis son activité, le roi a fait réalisé plusieurs tests par rapport à l’agriculture biologique et sur différents modèles d’économie auto-suffisantes dans le but d’aider les agriculteurs à accroître leurs connaissances et leurs perspectives économiques.
Les points de distribution
Les produits biologiques en Thaïlande se résument surtout aux légumes, fruits et riz. Il est encore très difficile de se procurer de la viande bio. Pour le reste, vous pouvez trouver ces denrées dans quelques supermarchés essentiellement bio qui se développent; nous pouvons citer Sunshine Market, Bai Miang et Lemon Farm. Des grandes surfaces proposent également un rayon bio, comme les TopsMarket. Pour les produits plus délicats à trouver, il est toujours possible de commander en ligne. Martin Smetsers, un hollandais vivant en Thaïlande a ouvert il y a quelques années déjà le site puraorganic.com, qui vend les produits d’une ferme associative biologique thaïlandaise.
Bien entendu, le frein reste le même, comme partout ailleurs: le prix des produits biologiques reste conséquents. En effet, tant que la demande ne sera pas assez forte, les prix ne pourront pas baisser. Il est très encourageant tout de même de souligner une prise de conscience générale et de se rendre compte que des aides et des accompagnements sont mis en place progressivement pour ceux qui souhaite se lancer dans l’économie verte ou simplement avoir une vie plus saine. La suite ne peut être que prometteuse!