En Asie, et plus particulièrement en Thaïlande, les femmes occupent plus souvent des postes de direction en comparaison avec d’autres pays du monde. Si l’on devait citer un pays à la pointe de l’égalité hommes-femmes, on ne penserait pas forcément à la Thaïlande, et pourtant, au niveau de la parité des opportunités professionnelles et du salaire, la Thaïlande est très bien positionnée.
Le succès des femmes au sein des entreprises
En Asie, les femmes occupent 37% des postes de direction contre 24% en moyenne dans le monde et 27% en France (en 2017), il y a également en Asie 40% des femmes qui occupent un poste de directeur général (PDG) et 34% qui occupent un poste de directeur financier. L’Asie se classe également au premier rang mondial du nombre de femmes inscritent en enseignement supérieur. Et c’est d’ailleurs en Thaïlande que cela se vérifie le plus.
Ce pays est un exemple en Asie quant à l’intégration des femmes dans le milieu professionnel, puisque le Royaume dispose d’un modèle dans lequel les femmes thaïlandaises jouent un rôle prépondérant dans toutes les branches de l’économie.
Ces femmes dirigeantes expliquent que la principale raison du succès de la Thaïlande dans l’autonomisation des femmes dans les entreprises est liée à la culture des entreprises familiales et au fait que les femmes ont eu un réel accès à l’éducation.
En Thaïlande, les femmes ont de nombreuses opportunités de diriger une entreprise parce que la culture leur permet de travailler aux côtés des hommes dans des domaines tels que la finance et les assurances, tandis que dans le secteur politique, nous verrons que cela ne se vérifie pas puisque les femmes ont généralement besoin de l’appui des partis politiques pour pénétrer dans cette sphère largement dominée par les hommes.
Les femmes gravissent les échelons au sein des entreprises
Kamonwan Wipulakorn, 56 ans, illustre la capacité des femmes Thaïlandaises à diriger des entreprises suite à une progression plutôt lente dans leur vie professionnelle. Elle a commencé en bas de l’échelle au sein d’une entreprise de courtage. Mais, elle a gravi les échelons, changé de secteur d’activité et dirige maintenant une importante société immobilière : One Origin, une filiale de l’un des plus grands promoteurs immobiliers thaïlandais, Origin Property Pcl et cela en tant que PDG. Elle affirme que même si elle a sûrement eu de la chance, elle ne s’est jamais trouvé dans une situation où elle sentait ses perspectives d’évolution limitées à cause du fait qu’elle soit une femme.
Les femmes thaïlandaises représentent la force motrice au sein des entreprises et cela dans de nombreux secteurs. Plus d’un tiers des postes de direction sont occupés par ces dernières.
Les entreprises familiales : le premier facteur clé de l’intégration des femmes dans le monde des affaires
Bien que certaines femmes aient fait leur propre chemin dans le monde des affaires, elles sont nombreuses en Thaïlande, a avoir hérité d’une entreprise familiale, ce qui représente l’une des principales raisons du nombre élevé de femmes dirigeantes dans le pays.
Supapan Pichaironarongsongkram, PDG de Chao Phraya Express Boat, une entreprise créée par sa grand-mère il y a environ un siècle, affirme que la Thaïlande est le pays des opportunités pour les femmes et que de nombreuses entreprises locales sont créées et gérées par des femmes. Supapan représente d’ailleurs la troisième génération de femmes ayant dirigé cette entreprise familiale. Après le décès de sa mère, Supapan a pris le contrôle total de la société, elle a affirmé qu’elle avait le « devoir » de superviser les activités auxquelles sa grand-mère et sa mère avaient consacré leur vie. Elle a transformé la petite société de ferry-boat à Bangkok en un conglomérat desservant 17 millions de passagers par bateau, vendant des espaces publicitaires sur des bateaux et exploitant des jetées, des centres commerciaux, des hôtels et des restaurants. Et enfin, sa fille sera la prochaine à diriger l’entreprise.
Chadatip Chutrakul, 57 ans, PDG de Siam Piwat Co., exploitante de centre commercial, fondée par son père, est une autre femme ayant hérité d’un empire familial. Chadatip n’a pas commencé au sommet, son père l’a obligée à occuper tous les postes au sein de la société, en passant par le poste de sécurité des centres commerciaux jusqu’au poste du bureau d’informations. Elle a alors affirmé que cela n’avait pas été facile, mais que grâce à cela elle avait énormément appris. Puis, sous sa direction, la société a élargi son portefeuille de centres commerciaux et a récemment ouvert un complexe de 1,7 milliard de dollars au bord de la rivière.
La place de la famille dans la vie professionnelle des femmes Thaïlandaises
L’implication des femmes thaïlandaises au sein de leur famille est différente par rapport à d’autres pays tels que la Corée du Sud et le Japon, où elles s’occupent seulement de leur famille et sont peu présentes dans le monde de l’entreprise.
En Thaïlande, le succès des femmes dans le monde de l’entreprise réside également dans le fait qu’elles restent actives sur le marché du travail même après avoir eu des enfants, contrairement à d’autres pays où leur présence sur le marché du travail peut diminuer à ce moment là. Pour les femmes appartenant à certains groupes socio-économiques, elles sont en mesure d’équilibrer les obligations et les aspirations familiales et professionnelles grâce à des réseaux de soutien.
Cette insertion professionnelle à des limites dans le secteur de la politique
A contrario, l’égalité politique entre les hommes et les femmes, en Thaïlande, se classe parmi les pires au monde.
Même si les femmes réalisent des progrès significatifs pour leur insertion dans le monde de l’entreprise en Thaïlande, il existe un contraste frappant dans le milieu de la politique, où elles sont laissées pour compte. La politique nationale est historiquement un domaine masculin.
En ce qui concerne le nombre de femmes présentent au Parlement en 2017, la Thaïlande se situe près du dernier rang – 181ème pays sur 193-. Actuellement, 13 femmes seulement font partie des 240 sièges du parlement de la junte et il n’y a pas une seule femme étant ministre.
Le manque de progrès au niveau de l’égalité hommes-femmes en politique par rapport au monde de l’entreprise s’est une nouvelle fois vérifié avec les élections générales qui ont eu lieu fin Mars : sur les 68 candidats au poste de Premier ministre de 44 partis, seulement 8 sont des femmes.
Kobkarn Wattanavrangkul, qui travaille maintenant de nouveau à Toshiba Thailand Co., et qui a été la première femme ministre du tourisme était à l’époque l’une des trois femmes membres du cabinet du gouvernement qui était à domination masculine. Elle a déclaré que la principale différence entre le monde des affaires et la politique en Thaïlande est le manque de soutien pour les femmes, même si elle aimerait également voir plus de femmes se prendre en charge dans le monde des affaires.
Mais si nous pouvons voir que dans le monde du travail une certaine égalité s’est installée entre les hommes et les femmes en Thaïlande, malheureusement cela n’est pas si facile d’être une femme dans ce pays. Même si ces dernières sont indépendantes financièrement et sont nombreuses à être à la tête d’entreprises, cette égalité des sexes ne prouve pas pour autant qu’il est facile d’être une femme au sein du Royaume. Un réel contraste s’est installé entre la liberté des femmes Thaïlandaises dans le cadre de leur vie professionnelle et leur liberté dans leur vie privée.