Que savons-nous vraiment des relations commerciales entre la France et la Thaïlande ? Pour en savoir plus, l’équipe de Vivre en Thaïlande s’est rendu à la Chambre de Commerce Franco-thaï, pour interroger Mme Sukanya Uerchuchai, Executive Director de la FTCC, qui nous a chaleureusement reçu dans les bureaux de la Chambre de Commerce, à 2 pas du Parc Lumpini.
Pouvez-vous nous parler du début relations commerciales entre la France et la Thaïlande ?
La France et la Thaïlande entretiennent des relations étroites, au point de vue diplomatique et commerciale depuis de nombreuses années, depuis l’époque du roi Naraï (règne de 1656 à 1688), il y a donc plus de 300 ans. Le premier ambassadeur de France est venu en Thaïlande, puis le roi Naraï a envoyé 2 délégations diplomatiques du Royaume en France entre 1684 et 1686, qui ont été reçues à Versailles, par Louis 14. C’est pour ça qu’on trouve à Bangkok la « rue de Brest », et à Brest, la fameuse « rue de Siam ».
Au cours de la seconde guerre mondiale, les relations bilatérales demeurent tendues même si, en 1960, Sa Majesté le Roi Rama IX et la Reine Sirikit se rendent en visite d’Etat en France. C’est au début des années 2000 que les relations franco thaïes connaissent un nouvel essor, avec la visite officielle en France du Premier ministre Thaksin. Ce dernier désigne la France comme « le partenaire stratégique de la Thaïlande en Europe » et M. Chirac qualifie la Thaïlande de « pays-clé en Asie ».
Et aujourd’hui ?
Cette relation forte entre les 2 pays est toujours bien présente et stable. La Thaïlande est un partenaire économique important pour la France. C’est le 3ème partenaire commercial de la France au sein de l’ASEAN, après Singapour et la Malaisie, avec un volume total d’échanges de 3,7Mds euros. La Thaïlande représente 16,7% des exportations de la France vers l’ASEAN. La Thaïlande achète beaucoup de produits de luxe à la France, ainsi que des produits technologiques.
La balance commerciale entre les 2 pays est très liée au secteur de l’aéronautique. On constate depuis une dizaine d’année le développement de grosses commandes d’avions Air bus en France, c’est pour ça que les relations commerciales sont en dents de scies, les années où il y a des livraisons Airbus, forcément la balance commerciale bascule. En excluant l’aéronautique, les exportations vers le Thaïlande ont augmenté de 11.8% entre 2013 et 2014, principalement grâce aux produits chimiques, aux parfums et cosmétiques. Concernant l’exportation de produits alimentaires, on peut aussi observer une belle progression malgré les barrières tarifaires, (notamment sur les vins et spiritueux), et les barrières non tarifaires.
Concernant les relations diplomatiques, nous sommes très heureux puisque la Thaïlande vient d’avoir une délégation officielle qui s’est rendu en France il y a 2 semaines. Cette délégation était menée par le ministre adjoint du commerce, Khun Suvit Maesincee. Je pense que c’est l’occasion de renouer, pérenniser les liens entre la Thaïlande et la France.
Concernant les échanges commerciaux, qu’apporte la Thaïlande à la France ?
La Thaïlande est une plateforme centrale pour toute l’Asie du sud-est, surtout dans l’Indochine, pour avoir accès aux pays voisins : Birmanie, Cambodge, Laos… L’emplacement de la Thaïlande, et surtout de Bangkok est stratégique. Tous les avions doivent passer par la Thaïlande avant d’arriver à leur destination finale. Et puis, c’est aussi intéressant parce que tout est là : les infrastructures, les ressources humaines…
Et que peut apporter la France à la Thaïlande ?
Outre l’aéronautique, il y a actuellement 2 clusters, 2 secteurs d’activités principaux en France qui intéressent beaucoup la Thaïlande : tout ce qui concerne la « smart city », les énergies renouvelables. Ça intéresse beaucoup le ministre. Mais aussi tout ce qui concerne la « French Tech », qui rassemble toutes les nouvelles technologies. En Thaïlande, on est riches en ressources naturelles, mais on a du mal à les transformer, à les optimiser. Il y a aussi bien sur tout ce qui concerne les produits de luxe.
Que peut-on dire des entreprises françaises en Thaïlande, et comment les aidez-vous ?
Beaucoup de grands groupes sont présents en Thaïlande, on compte 350 sociétés françaises environ, en comptant les filiales des grands groupes (Michelin, Total, Bouygues, Airbus, Accor…), les entrepreneurs, les PME, les TPE… à la FTCC, on essaye de les aider à collaborer avec des entreprises thaïlandaises pour se développer en Thaïlande ou dans les pays alentours.
Par exemple, si une entreprise française implantée en Thaïlande veut développer une join-venture au Cambodge, la FTCC peut les aider. On a des relations étroites avec les différents ministères, mais aussi avec différents salons professionnels. A l’inverse, on aide aussi les exportateurs thaïs, en les accompagnants par exemple à des salons professionnels en France ou en Asie. Par exemple le salon Maison et Objet, qui a lieu en France à Paris, a désormais un version à Singapour. On accompagne une vingtaine d’exportateurs thaï sur ce salon, puisqu’on travaille avec l’organisateur du salon qui est français. Donc nos activités sont très larges, on accompagne les entreprises dans leurs activités en France, en Thaïlande et en Asie
Et le marché de l’emploi pour les français en Thaïlande ?
Concernant le marché de l’emploi pour les francophones en Thaïlande, il était plutôt en déclin ces dernières années, mais il redevient porteur parce que la Thaïlande travaille de plus en plus avec l’Afrique, ou le français est une langue très rependue. Dans le domaine du luxe aussi c’est important, les entreprises recherchent souvent des personnes qui parlent français. Le monde du luxe se développe énormément et manque de ressources humaines, c’est pour ça que c’est un créneau porteur. Il suffit de regarder le nombre important de boutiques de luxe qui ont vu le jour ces dernières années : EM quartier, Siam Paragon…
D‘ailleurs IPSOS a récemment publié une étude sur le comportement d’achat des consommateurs de luxe thaï, ce qui montre que le marché a un réel potentiel. Il y beaucoup de français qui recherchent un emploi en Thaïlande ; la FTCC a un service emploi qui est là pour les aider. On reçoit beaucoup de CV tous les ans. On a développé une foire de carrières, qui s’appelle « bonjour talents ».
Pour les entrepreneurs qui souhaitent se lancer en Thaïlande, on a aussi un incubateur. Les entreprises françaises nous font parvenir des offres, que nous faisons matcher avec notre base de CV. L’année dernière nous avons placé 70 français, des jeunes comme des expérimentés. On organise aussi beaucoup d’évènements de networking, presque 60 par an à Bangkok, et comme en Thaïlande, le réseau est indispensable, il est important d’y participer !