Le muay thai, souvent appelé à tort « boxe thaï » est le sport phare de la Thaïlande. Connu internationalement et véritable fierté locale, ce sport, très respecté, s’appuie sur des véritables règles de vie, mêlant aspects philosophiques et valeurs morales.
L’histoire du Muay Thai
Les origines du muay thai sont difficiles à déterminer car peu de traces écrites ont subsisté. Ce sont surtout des contes et légendes orales qui ont été transmis au fil des générations.
D’après ce que l’on sait, ce sont les moines qui ont été les premiers à enseigner le muay thai. L’instabilité entre les royaumes à l’époque ont donné naissance à cet art, essentiellement militaire. Il a été mis au point pour pouvoir combattre corps à corps un ennemi armé et était pratiqué par les plus grands chefs et guerriers.
Une fois les conflits passés, le muay thai est devenu peu à peu une distraction. Les foules se déplaçaient par masse pour assister aux combats des anciens guerriers et témoigner de leur force, leur courage et leur maîtrise de soi. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes se déplacent pour assister aux combats. Les thaïlandais n’hésitent pas à se lâcher lors de ces rounds, et on assiste alors à des effusions de cris, d’encouragements et de fête, sans oublier les fameux paris.
Muay signifie « ne faire qu’un » et thai signifie « être libre »
Des valeurs fortes
Huit valeurs sont dictées par le muay thai : maîtrise, courage, moralité, fair play, respect, honneur, loyauté, humilité.
Avant chaque combat, on rend honneur à son maître avant d’effectuer une danse que l’on appelle le wai kru ou ram wai pour rendre hommage à toute la descendance de maître, mais aussi à ses parents, à ses ainés et au roi.
Par le biais de ces rituels, le muay thai relie les trois piliers fondamentaux du royaume : le roi, la communauté des moines bouddhistes et la nation.
Maîtrise du corps et de l’esprit
Le muay thai est imprégné de la philosophie de vie et des valeurs du Bouddhisme Theravada.
Il existe des champions de muay thai internationaux qui sont des moines bouddhistes. Le plus connus étant le légendaire Dieselnoi Chor Thanasukarn, qui a été champion du Lumpinee et élu meilleur combattant de 1982.
En effet, on retrouve de nombreuses similitudes entre le muay thai et le bouddhisme. Le style de vie, dans les deux cas, est essentiel pour progresser, gravir les différentes étapes et arriver au but fixé.
Pour le muay thai, cela passe par un entraînement quotidien aussi bien physique que mental. Un esprit sain dans un corps sain. Il faut savoir rester humble, respecter son adversaire et les maîtres, apprendre à maîtriser ses émotions et savoir se recentrer sur soi-même pour pouvoir contrôler ne serait-ce que la douleur, la fatigue ou les frustrations. Il ne faut pas laisser apparaître ses ressentis, car l’adversaire pourrait se servir de ces faiblesse apparentes.
Les écoles de muay thai
Il existe de nombreuses écoles de muay thai. Des clubs de toutes tailles et dans tout le royaume. Parfois l’entraînement et les entraîneurs ont la réputation d’être durs. La clé pour arriver à l’excellence réside dans le dépassement de l’élève.
Cet art ancestral est, bien que cela soit plus rare, aussi enseigné dans les temples, par les moines eux-mêmes.
Parmi ces écoles, on peut citer celle créée par Phra Khosito, moine bouddhiste et enseignant de muay thai, qui a été construite spécialement pour les enfants orphelins. Cela leur permet de rester dans le droit chemin, de grandir en acquérant des valeurs profondes et de ne pas succomber aux tentations néfastes comme la drogue.
Dans le milieu de la boxe en Thaïlande, le bouddhisme tient une place importante. En effet, lors de la création d’un nouveau camp, une cérémonie religieuse a lieu ; une sorte de bénédiction ou les mauvais esprits sont chassés et où l’on demande aux bons esprits de prendre soins des boxeurs.
Le mot de Stéphane Rennesson, anthropologue
Stéphane Rennesson a décidé de consacrer ses études à l’art du muay thai. Il est l’auteur du livre « Les coulisses du muay thai ».
Il a notamment étudié les rapports entre bouddhisme et boxe. En réponse à la question « l’esprit bouddhiste et la pratique de la boxe thaï sont-ils vraiment conciliables?« , il dit:
« Le principe de la boxe thaï n’est pas seulement de détruire son adversaire, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Le combat doit être aussi l’occasion pour le boxeur d’acquérir, de montrer et de mettre en pratique ses valeurs morales. Ainsi le bouddhisme Theravada apporte des idées de contrôle de soi qui s’accordent bien avec la pratique du boxeur. En résumé, boxer c’est aussi être un bon bouddhiste. Il faut éviter de montrer ses émotions : douleur, fatigue, agressivité, haine, vengeance… des critères primordiaux aux yeux des arbitres. On dit de quelqu’un qui parle ou se comporte mal qu’il « a un cœur chaud » (jai ron). A l’inverse, le boxeur doit conserver un « cœur froid » (jai yen). La boxe thaï participe de cet effort pour faire fleurir le bouddhisme. »