Bon nombre de pédagogues, enseignants, et chercheurs ont pu, par le passé, déconseiller un apprentissage bilingue. Les études récentes sont formelles : apprendre une langue dès le plus jeune âge est au contraire extrêmement bénéfique pour l’enfant. Entre sa naissance et 18 mois, il a la compétence incroyable d’entendre l’intégralité des sons de toutes les langues du monde, compétence qu’il perd ensuite. Entre 3 et 4 ans, son cerveau connaît un pic de plasticité et sa capacité d’apprentissage reste très forte jusqu’à ses 7 ans.
« Son cerveau aime s’amuser, faute de quoi il s’étiole ; ou, en termes plus scientifiques : il y a des circuits neuronaux potentiels encore ouverts qui ne demandent que d’être sollicités et stimulés, et ce toute la vie, mais surtout avant l’âge de 7 ans », dit Maria Kihlstedt, chercheuse et psycholinguiste experte dans le bilinguisme précoce.
Une pensée partagée par Claude Hagège, linguiste et professeur au Collège de France qui soutient également qu’entre 3 et 4 ans la capacité d’apprentissage des langues est à son apogée. Selon lui, c’est en effet à cet âge que la faculté de mimétisme est la plus importante -, or il s’agit de l’un des facteurs clés de l’apprentissage. L’enfant mis au contact d’une deuxième langue va en retenir la musique et la restituer bien mieux qu’un adulte. Par ailleurs, il vit cette immersion dans la langue sans aucune inhibition.
Un autre facteur clé réside dans l’entretien de relations bienveillantes et emphatiques, ces relations ayant une incidence directe sur le développement de la partie intellectuelle et affective du cerveau de l’enfant. Or il a été prouvé qu’en étant confronté à de multiples nationalités, pays et cultures, l’enfant bilingue développe plus d’empathie qu’un enfant monolingue.
Plasticité cognitive, mimétisme et bienveillance, trois facteurs clés non seulement dans l’apprentissage scolaire, mais plus particulièrement encore dans celui d’une langue. Au-delà du « contenu » de la langue, ces facteurs ont une incidence directe sur la forme : celle d’un excellent accent, qui – plus le temps passera – plus sera difficile à atteindre.
Outre l’apprentissage de la langue et du développement de relations empathiques, les chercheurs ont également démontré que le bilinguisme améliorait la capacité des enfants à résoudre des problèmes de logique et leur capacité d’abstraction.
« De nombreuses études ont révélé les avantages cognitifs des bilingues par rapport aux monolingues [en termes] de mémorisation ou encore de flexibilité mentale » explique Nawal Abboub, docteure en neurosciences appliquées à l’éducation.
À La Petite Ecole, le bilinguisme est instauré sur la base d’une alternance d’un jour en Anglais, avec les cours dispensés par une enseignante anglophone native, et un jour en Français, sous la responsabilité d’une enseignante francophone, tandis que la journée du vendredi se répartit entre les deux langues.
Le programme retenu comme fil directeur des compétences à acquérir est le Programme de l’Éducation Nationale Française, mais l’enseignement de ce dernier se fait dans les deux langues officielles de l’école. Ce programme, déjà implanté à Singapour depuis 2012, y a reçu l’homologation de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger), gage de qualité et de cohérence des apprentissages.
Dans notre école maternelle ici à Bangkok, près de quinze nationalités sont représentées et chaque enfant est intégré de façon individuelle en fonction de sa maîtrise de l’une, ou l’autre des deux langues, voire même aucune des deux. Selon les cas, les assistants et les enseignants privilégieront la langue maternelle ou Thaïe dans un premier temps. Ce n’est qu’une fois l’enfant rassuré et intégré dans le groupe, que le développement du bilinguisme à proprement parlé pourra s’effectuer. La période d’intégration varie entre quelques jours et quelques semaines, selon les capacités d’adaptation de l’enfant.
Une fois le cursus de La Petite Ecole terminé vers l’âge de 6 ans, les enfants ont le choix d’intégrer l’école primaire française en CP ou le Year 2 dans le système anglo-saxon.