A la question «à quel plat pensez-vous quand je vous dis cuisine thaïe ?», plus de la moitié d’entre vous répondront « au Pad Thaï !». Normal, me direz-vous ? En effet, puisque c’est le plat thaïlandais le plus connu à travers le monde mais aussi l’un des meilleurs.

Pourtant, si l’on creuse un peu, ce dernier n’aurait rien de thaïlandais…

Essayons de comprendre :

Pad Thaï signifie littéralement « nouilles sautées à la thaïlandaise » mais quelles sont leurs véritables origines ? Célèbres depuis 1940, leur histoire est pourtant floue. Pour certains, l’origine serait chinoise de part les ingrédients : nouilles, crevettes séchées, tofu, œufs et pousses de soja. D’autres pensent que l’origine remonte au Royaume d’Ayutthaya (1351-1767). Le Pad Thai serait alors une déclinaison du Pho Xao (nouilles sautées au bœuf et légumes) importé par les commerçants vietnamiens.

Si les origines sont discutées, les Thaïs sont, en revanche, unanimes pour lui attribuer le caractère d’emblème national qui a d’ailleurs permis de relancer l’économie et favoriser un nationalisme en expansion, il y a maintenant près de quatre-vingt ans.

En 1938, le Premier Ministre de Thaïlande, Plaek Phibul Songkhram décide de moderniser le pays. A l’époque, la Thaïlande, l’un des plus gros exportateurs de riz, est touchée par la crise économique. La solution est simple : exporter encore plus de riz pour combler le déficit.

Mais comment nourrir une nation entière quand on exporte presque la totalité de sa récolte de riz ? Faire la promotion des nouilles ! Elles sont en effet déjà très populaires mais pour faire grandir le sentiment de nationalisme, le Premier Ministre incite la population à manger des nouilles de riz. La recette est donc distribuée dans tout le pays et le nom initial de « Kiaw Tiao » (= nouilles) est modifiée en Pad Thaï.

Quatre vingt ans plus tard, ce plat est toujours populaire. Il paraît même inconcevable de ne pas le trouver à la carte d’un restaurant thaï. Et chaque chef détient sa recette secrète. Nous vous conseillons de tester celles des vendeurs de rue, c’est souvent là que se cachent les meilleurs plats, n’est-ce pas ?