« La Crise du Hamburger », voilà le nom utilisé par les médias Thaïs pour parler du ralentissement qui affecte l’économie mondiale. Le choix de cette appellation peu nuancée souligne que l’Asie n’a cette fois aucune part de responsabilité dans la conjoncture et que les tords incombent aux puissances occidentales – celles-ci n’ont donc qu’à avaler leur arrogance avec une bonne tranche d’humilité !
Cette terminologie ironique fait écho à la crise asiatique de 1997, baptisée alors « Tom Yum Kung » en référence à un plat national – un genre de soupe à la crevette – et comme pour mieux aiguiser le goût de l’autocritique chez les sujets du Royaume de Thaïlande.
Après l’effondrement des marchés asiatiques de 1997, le Fond Monétaire International avait dicté le point de vue de l’Occident et contraint les places financières sinistrées à une diète drastique, en échange de son soutien aux économies en déroute.
Aujourd’hui, les Thaïs observent les déboires financiers engendrés par la voracité de leurs homologues occidentaux avec l’inquiétude d’une nation qui est déjà passée par là. La Thaïlande pourrait-elle être confrontée à une catastrophe d’ampleur égale à celle qui l’avait secouée en 97, mais sans y avoir cette fois contribuée ?
Heureusement, les experts sont unanimes : dans le classement mondial des économies jugées les plus « appétissantes », la Thaïlande se maintient toujours dans le peloton de tête. La banque Singapourienne OCBC, par exemple, place le pays en huitième position des économies les mieux armées pour la reprise.
Dans le cas de la Thaïlande, tout se passe un peu comme avec la grippe : l’expérience d’une crise antérieure a immunisé le pays en stimulant ses défenses. D’abord critiqué, le remède sévère administré par le FMI avait renforcé la santé économique du Royaume. La Thaïlande était sortie de crise dès l’année 2001. L’augmentation des prélèvements sociaux lui avait permis de rééquilibrer rapidement son budget et de solder le remboursement de sa dette au FMI en 2003, c’est-à-dire quatre ans avant l’échéance prévue par l’institution.