Un vaste chantier de réhabilitation des berges du fleuve Chao Phraya a été lancé par la ville de Bangkok. Les travaux devraient s’achever fin 2017.
Basé sur un modèle européen d’urbanisation, la ville souhaite ouvrir une voie piétonne de 14 km le long du fleuve. Ce projet, qui relierait les ponts Rama IV et Pin Klao, comprendrait des parcs, des aires de jeux, des sentiers pédestres et des pistes cyclables.
Objectif : faire de la « Rivière des Rois » une véritable vitrine pour la ville. Cette promenade, si elle voit le jour, réhabiliterait les communautés invisibles, à commencer par les pécheurs, les marchands et les bateliers. Elle serait aussi la première d’une longue série de projets fluviaux qui couvriraient une cinquantaine de kilomètres.
Selon Sakul Horwanotayan, l’un des responsables, ce projet de 14 milliards de baths pourrait devenir un vrai tremplin économique. Il permettrait à la ville de renouer avec ses racines fluviales, laissées longtemps de côté, et de lancer une grande opération de dépollution.
Pourtant, ces travaux font déjà polémiques. Certains représentants du secteur public s’inquiètent de l’impact du projet sur la population vivant le long du fleuve. Face à ces critiques, le coordinateur du plan, Kasidi Wichitak-sornpong, explique que le projet est basé sur le transport, l’hydrologie de la rivière et l’identité communautaire. « Nous avons évalué le projet pour veiller à ce qu’aucune vie communautaire de la rivière ou de l’environnement ne soient détruits » a-t-il déclaré. Selon lui, cette promenade aurait également pour vocation de désengorger le réseau routier en misant sur des transports moins polluants comme le vélo et le bateau.
Mais les arguments avancés peine à convaincre. « J’ai grandi avec la rivière toute ma vie, donc je suis très inquiet. Le projet entraînera la disparition des riverains qui vivent en harmonie avec la rivière depuis des siècles. Ce projet a été inspiré par les modèles étrangers et efface la tradition pour toujours » témoigne un habitant visiblement septique.
L’université Khon Kaen et l’Institut du Roi Mongkut de technologie Latkrabang (KMITL) ont convenu d’étudier l’impact du projet proposé pour éviter l’enlisement politique. La première phase de l’étude, qui devrait durer 210 jours, examinera les effets environnementaux du projet, ainsi que les programmes de développement de la rivière.
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