WWF Thaïlande a dévoilé Jeudi dernier une sculpture à taille réelle de deux éléphants devant le Bangkok Art & Culture Center (BACC), avec la collaboration des pouvoirs publics thaïlandais. Elle représente une mère et son bébé à travers une mise en scène violemment bouleversante. Ce geste à pour but de sensibiliser les touristes et les thaïlandais au trafic d’ivoire et à ses conséquences. La statue sera présente jusqu’au 10 octobre devant le BACC, situé entre les arrêts BTS Siam et National Stadium.
Une oeuvre à la mesure de la réalité
La sculpture de résine représente 2 éléphants d’Afrique, une mère et son bébé. Elle fait 1.8 mètres de haut et 7 mètres de long. Cette oeuvre prend aux tripes. On voit la mère de l’éléphanteau jonchée sur le sol, les pattes de derrières sciées, la défense arrachées. L’oeil entrouvert, on ne sait pas si elle souffre ou si elle est déjà décedée. Son petit est à côté, il a un regard qui semble rempli de peur. C’est l’artiste Wasinburee Supanichvoraparch qui en est l’auteur. Sa première intention est de montrer que l’achat d’ivoire cache derrière en réalité un braconnage cruel, tortionnaire. Les éléphants Africains en sont les grandes victimes, depuis trop longtemps maintenant.
« Je voulais créer une oeuvre qui représentait la cruauté et la violence surréaliste {…} mais plus je regardais les photographies et les faits, moins je me sentais capable de capturer la détresse des éléphants. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait aucune manière de dépeindre la douleur existant dans ce monde” a déclaré l’artiste, W. Supanichvoraparch.
Les visiteurs et passants sont enjoints à prendre des photos de la sculpture et à les partager en ligne avec le hashtag #travelIvoryFree. WWF aimerait donner une portée à ce mouvement afin de montrer qu’il y a une volonté collective quant à la fermeture du marché de l’ivoire en Thaïlande et pour éveiller les consciences à la réalité du commerce d’ivoire.
Un trafic prospère en Asie, pour combien de temps encore ?
Chaque année, plus de 20 000 éléphants sont tués en Afrique pour les défenses. Ces dernières servent à alimenter le marché de l’ivoire, principalement du côté de l’Asie…Conséquemment, la population d’Éléphants d’Afrique a baissé : Ils étaient 1.3 millions en 1979, ils ne sont plus que 415 000 en 2016. Si ce massacre continue, l’Éléphant d’Afrique ne sera plus qu’un lointain souvenir.
La Thaïlande a longtemps été une plaque tournante du commerce illégal d’ivoire. Depuis quelques années cependant, la situation semble être sur le point de s’améliorer. Ces 4 dernières années, le gouvernement thaï a pris des mesures pour réduire le commerce illégal d’ivoire, surtout à travers l’Elephant Act. Celui-ci limite le commerce d’ivoire provenant des éléphants asiatiques en captivité et modifie le Wild Animal Reservation and Protection Act pour classer l’Éléphant d’Afrique dans les espèces protégées.
L’initiative de WWF peut-elle influencer une décision gouvernementale ?
Le WWF a vocation à influencer toute décision publique intervenant dans sa sphère de compétences. Sans prise de position partisane, sinon celle de défenseur d’une planète vivante, il fait entendre sa voix tant au sein du débat national et international.
Dans son discours d’ouverture, Mme Yowalak Thiarachow, directrice de WWF-Thaïlande, a fait remarquer qu’il fallait encore inciter les pouvoirs publics à proscrire le trafic d’ivoire. Des campagnes comme “Travel Ivory Free” sont importantes mais doivent être suivies par des actions. Pour elle, le gouvernement devrait lutter contre le commerce d’ivoire car « Le Trafic d’ivoire et d’animaux est un crime transnational tel que l’est le trafic de stupéfiants, le commerce des armes et la traite d’être humains. Ce crime détruit la faune, la flore et contrevient à l’État de droit.”
Une telle exposition ne passant pas inaperçu, il faudra être attentifs aux futurs actions du gouvernement concernant le trafic d’Ivoire. D’autant plus que la Thaïlande a déjà montré son attachement et son respect quant à la condition des éléphants en ouvrant un hôpital pour éléphant et un centre de conservation. L’autre chantier serait l’exploitation abusive d’éléphants à des fins touristiqus (les tours à dos d’éléphants avec des charges de plus de 100 kilos, les spectacles…). En attendant, on vous invite à ne pas acheter d’objets en ivoire et à consulter le site de WWF pour en apprendre plus sur la vie sauvage et sa préservation.