Envie d’apprendre la langue thaïlandaise ? C’est une très bonne idée, surtout si vous prévoyez de rester en Thaïlande quelque temps. Mais avant de vous lancer dans l’apprentissage de cette nouvelle langue, il est utile de définir quelle méthode vous convient le mieux.
Apprendre une nouvelle langue, c’est un défi. Et le thaï, avec son système d’écriture, sa syntaxe, ses tons, peut sembler un véritable challenge. Pourtant de nombreux étrangers parlent cette langue. Pour cela, il importe de se donner le temps et les moyens. La première question que l’on peut se poser est de savoir si on peut apprendre par soi-même ou si des cours sont nécessaires.
En Thaïlande depuis 8 ans, Elodie, une Française, parle, écrit et lit couramment le thaï.
« Je n’ai jamais pris de cours ; j’ai lu je ne sais combien de livres de méthode de thaï, que ce soit en français ou en anglais. Au tout début, j’ai commencé avec Assimil, une méthode un peu ennuyante mais qui offre une bonne base et qui est en français. Il y a un an et demi, j’ai commencé à apprendre à lire et à écrire, là, j’ai demandé à quelqu’un de m’aider. J’avais une méthode mais je ne savais pas par où commencer et puis ça m’a motivé, j’allais voir ce professeur deux fois par semaine, ça oblige à plus de rigueur pour étudier sur le côté. Après, je pense qu’il faut varier les outils sinon on s’ennuie : livres, MP3, chansons, poèmes, films en VO, j’ai regardé certains films plus de dix fois, au début avec les sous-titres avant de les cacher ».
Au contraire, pour Nalinee Udomsinn, enseignante de thaï, on ne peut pas apprendre le thaï par soi-même : « Pour apprendre le thaï, il faut une certaine ouverture d’esprit, c’est particulier comme langue, ce n’est pas comme l’espagnol ou l’italien où on peut trouver des équivalences. Je ne dis pas que c’est totalement impossible mais je constate que les gens qui apprennent seul au bout d’un moment ils atteignent une limite, la syntaxe fait souvent défaut, on reste dans un thaïlandais basique ».
Jean-Luc Puong, manager à My Thaï Language School à Bangkok, tempère : « Il est possible d’apprendre par soi-même via des livres, des sites Internet... je le recommande aussi à nos élèves pour ceux qui veulent commencer à apprendre avant de suivre les cours, pour diversifier les apprentissages. Le thaï de base est assez simple, les mots sont courts, il n’y a pas de temps passé, futur, donc on peut vite faire des phrases. Après pour atteindre un niveau avancé c’est autre chose, c’est une langue subtile pour laquelle il faut tenir compte de la culture, on ne parle pas de la même façon à un ami ou à un professeur ou à un moine. C’est comme pour passer l’examen P6, il n’existe pas de matériel, c’est presque impossible de préparer juste par soi-même. Le thaï est vraiment compliqué, peut-être même plus que le français, il faut des années pour le maîtriser, en étudiant à tout plein, je crois qu’il faut compter 3 ans. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se décourager. Je crois qu’un étudiant qui s’y met de manière régulière, en 6 mois, il peut parler le thaï de tous les jours, parler à des amis, prendre un rendez-vous, commander à manger… C’est difficile à évaluer, ça dépend de la personnalité de l’étudiant, un élève qui n’est pas timide, qui côtoie au quotidien des Thaïs apprendra plus vite que celui qui reste enfermé dans sa communauté d’expatriés. »
Un apprentissage long et fastidieux comme l’explique Lilly : « j’ai commencé à bien parler thaï après deux ans. C’est long ! Il y a des moments où j’avais l’impression de bien avancer, de pouvoir tenir des conversations et puis d’autres où je ne comprenais rien. J’étais partie aux USA, après 6 mois je parlais anglais parfaitement, je le comprenais. Avec le thaï, encore aujourd’hui il m’arrive de ne pas comprendre, par exemple quand je regarde les informations à la télévision, c’est difficile, ce n’est pas le même langage, ils parlent vite, du coup après je vais revoir les vidéos sur Youtube, je les repasse en boucle jusqu’au moment où j’arrive à comprendre. Par contre, les discussions avec mes amis ou au marché, il n’y a pas de problème. »
De l’intérêt d’apprendre l’écriture ?
Une autre question qui revient souvent, est de savoir s’il est important d’apprendre à lire et à écrire en même temps que de parler la langue thaï. Avec son alphabet différents, les nombreux livres d’apprentissage qui n’utilisent que la phonétique, l’écriture semble secondaire, d’autant plus que souvent l’intérêt premier d’étudier le thaï est de se faire comprendre par les Thaïlandais. Une erreur ? A ce niveau-là, les avis sont unanimes.
« Pour moi, c’est fondamental d’apprendre à lire et à écrire, on ne peut pas bien parler le thaï sans savoir le lire et sans comprendre les subtilités de l’alphabet. Ça peut paraître compliqué mais finalement on reste dans la logique d’un alphabet, comme en français, c’est l’association de consonnes et de voyelles qui forment des sons » explique Jean-Luc Puong. Nalinee Udomsinn confirme : « Lorsqu’on passe uniquement par la phonétique, il y a un moment où on sature, où la phonétique montre ses limites. On a six niveaux à l’école, les élèves qui au début disent qu’ils n’ont pas besoin d’apprendre l’écriture, tous à partir du 3ème niveau au plus tard, reviennent vers moi pour apprendre à lire et à écrire, c’est vraiment une aide pour la prononciation, ça permet de mieux visualiser les sons ».
Si dans le cadre d’un apprentissage plus scolaire de la langue on peut comprendre que les écoles préconisent d’étudier l’alphabet, ils ne sont pas les seuls. Lilly raconte : « Je me suis mise sérieusement à étudier le thaï il y a 5 ans. Et puis il y a un an et demi, j’ai commencé à apprendre à le lire et à l’écrire, ça m’a beaucoup aidé. C’est l’erreur que j’ai faite au début, d’apprendre tout en phonétique, il y a un moment où tu n’avances plus. Avec mon expérience, c’est un conseil que je donnerais à toute personne qui souhaite apprendre le thaï. Bien sûr, si on vient juste en Thaïlande pour les vacances, la phonétique c’est suffisant mais pas si on veut l’étudier sérieusement. Ce n’est pas si difficile que ça en a l’air ».
Nalinee Udomsinn ajoute : « c’est un peu comme quand j’ai appris le français, pour moi ‘on, en, un’, c’était le même son, c’est en le lisant, en le voyant dans d’autres mots que j’ai pu les prononcer correctement, en thaï c’est pareil ».
Rédigé par Catherine Vanesse pour www.vivre-en-thaïlande.com