On regroupe sous l’appellation « nomades de la mer », les ethnies des Moken, Moklens et Urak Lawoi. Ils vivent dans des petites maisons sur pilotis proches de certaines îles thaïlandaises ou parfois directement sur leurs bateaux.
Ces ethnies vivent essentiellement de la récolte de coquillage et des activités de la mer. Ils ont toujours refusé les biens matériels et les innovations techniques, préférant un mode de vie traditionnel et simple. Ces ethnies restent mystérieuses car ils ne possèdent pas de langage écrit, ce qui rend difficile la connaissance de leur histoire et de leur passé. Bien que ce soit, d’après ce que l’on sait, un des premiers peuples à être arrivés sur le territoire thaïlandais, le royaume ne les reconnaît pas comme citoyens mais comme « invités », car ils ne reconnaissent aucune administration et refusent toute autorité. Les « nomades de la mer » tiennent à leur liberté plus que tout et ne cède pas face à un capitalisme grandissant et une économie faisant tout pour les écraser.
Cependant, un événement tragique va les pousser contre leur gré vers la modernité.
Il s’agit du tsunami de 2004 qui a frappé la Thaïlande. Malgré une situation géographique à haut risque, les « nomades de la mer » ont survécu grâce à leur connaissance de la mer et aux enseignements qu’ils ont reçu des anciens pour appréhender les signes d’une éventuelle catastrophe. Ils ont réussi à prévenir le tsunami en observant, entre autre, la couleur de l’eau et le comportement des animaux. Cependant, malgré leur vive réaction, beaucoup de leurs biens et de leurs maisons qui étaient installées non loin des différentes îles de Thaïlande ont été dévastées par le tsunami, les forçant à se rapatrier sur la terre ferme dans des villages construits par des ONG. Là, ils reçoivent un titre de propriété, qu’ils n’avaient pas jusqu’alors et quelques 120€ mensuel pour effectuer des petits boulots. Un appât alléchant pour une population qui n’a malheureusement pas grand recours et reconnaissance aujourd’hui.
Lors de cette catastrophe et malgré un caractère à la réputation timide et réservé, les « nomades de la mer » ont sauvé un grand nombre de personne et de touriste. Le gouvernement s’était engagé après cela à les aider dans la préservation de leur tradition et leur culture. Aucun effet notable ne peut malheureusement être relevé actuellement.
Alors que leur savoir a aidé un grand nombre de personne, aucune reconnaissance ne leur est attribuée et la médiatisation que la population a connu après cet événement n’a fait que les plonger dans l’enfer de la modernité, qu’ils essayaient alors d’éviter à tout prix, luttant pour maintenir leur culture, leur tradition et leur mode de vie actuel.
Malheureusement, comme tout peuple sans réel attache avec la société moderne, la culture et le peuple des « nomades de la mer » tendent à disparaître et personne n’est là pour les aider hormis quelques associations bien impuissantes face au ressort de la mondialisation et à l’avancée des complexes touristiques. Au nom de la défense de l’environnement, de grandes étendues de mer leur sont désormais interdites, tout comme la vente des coquillages et coraux. Simple excuse pour les forcer à franchir le pas vers la modernité? Difficile de mettre la faute sur eux quand il est question de protection de la faune et de la flore, eux qui vivent en parfaite adéquation avec leur environnement, sans user de la pêche abusive et en produisant une empreinte écologique très faible.
Mondialisation et capitalisme, un fléau pour les minorités ethniques. Aujourd’hui, on recense dans le monde pas moins de 300 millions de personnes issues de minorités ethniques et elles sont souvent trop peu considérées. Quelle place les attend dans ce monde où désormais tout se monnaye et où la liberté est une notion de plus en plus abstraite?