Lorsque l’on parle de bilinguisme, nombreux mythes font leurs apparitions. De la peur du retard chez l’enfant bilingue à la confusion que le bilinguisme peut engendrer, les discussions à ce sujet sont multiples.
Rappelons tout d’abord que le monolinguisme, qui dans des pays comme la France représente la norme, n’est en fait pas plus répandu que le bilinguisme. En effet, il y aurait autant d’enfants bilingues que d’enfants monolingues à travers le monde. Cependant, le bilinguisme génère toujours un certain scepticisme et certains préjugés perdurent.
Aujourd’hui de nombreuses recherches nous éclaircissent et nous permettent de mieux comprendre ce qu’est le bilinguisme et d’effacer les doutes.
Voici quelques-uns des préjugés les plus répandus :
« Il est difficile pour un enfant d’apprendre deux langues en même temps et cela le retardera dans son développement. »
La recherche indique que le rythme d’acquisition linguistique est relativement semblable entre les enfants unilingues et les enfants bilingues. Cependant, il ne faut pas oublier que l’enfant bilingue est en train d’apprendre deux systèmes linguistiques en même temps, deux ensembles de sons (p. ex., les 36 sons du français, les 44 sons de l’anglais), deux séries de vocabulaire et deux systèmes grammaticaux. Il s’agit d’un gros travail d’analyse qui peut donner l’impression qu’il est plus lent. Le fait qu’une langue soit plus dominante que l’autre peut refléter, tout simplement, une exposition plus élevée à cette langue. De plus, il faut savoir qu’il existe de grandes différences individuelles dans le développement langagier des enfants monolingues, certains commencent à dire des mots très tôt, d’autres ne parlent pas du tout et quand ils commencent, disent des phrases complexes etc. C’est la même chose chez les enfants bilingues!
« Les enfants bilingues sont moins exposés à chacune des langues qu’un enfant monolingue et par conséquent ils ne seront jamais aussi compétents dans les deux langues qu’un enfant monolingue. »
Un enfant bilingue peut acquérir la même compétence dans tous les aspects des deux langues même s’il est moins exposé à chacune des langues. Pour développer un bilinguisme fort dans les deux langues, le seuil critique serait au moins 30 % du temps, selon Fred Genesee (Grandir en deux langues – Article paru dans la revue Enfants Québec, avril 2011).
A court terme, un enfant bilingue peut avoir des schémas de développement différents de celui d’un enfant monolingue. Ce qui est important: s’il y a des différences de vocabulaire chez un enfant bilingue, il faut savoir qu’elles sont toujours passagères et disparaissent en général dès l’âge scolaire.
« Il vaut mieux apprendre d’abord correctement une langue, ensuite on peut introduire une seconde langue. »
Certaines approches tentent à introduire une seconde langue seulement lorsque l’enfant à de solides bases dans sa langue maternelle. Il est vrai que plus un enfant maîtrise sa langue maternelle, plus il sera facile pour lui d’y greffer une langue seconde. La langue maternelle est la langue du cœur, de l’affectivité. Si l’enfant dispose déjà dans sa langue maternelle d’un bagage d’expériences, de concepts et de connaissances grâce auxquels il organise ses idées et sa pensée, cela lui sert d’appui pour acquérir la langue seconde. Les parents sont donc encouragés à communiquer avec leurs enfants dans la langue maternelle.
La plupart des enfants parviennent à apprendre une deuxième langue assez facilement. Il faut d’abord savoir que plus cette seconde langue est apprise jeune, plus l’enfant aura de facilité. Avant l’âge de 5 ou 6 ans, la plasticité du cerveau facilite l’apprentissage d’une autre langue; après, la tâche peut devenir plus ardue.
« Un enfant qui apprend deux langues à la fois ne se sentira jamais à l’aise dans aucune. Il se sentira comme entre deux chaises. »
Le spectre des problèmes d’identité est encore fréquemment utilisé par des amis ou parents de couples mixtes tenant à donner une éducation bilingue à leurs enfants.
En effet, quand on interroge des adultes bilingues ils n’ont pas ce genre de problème d’identité, la question même leur semble étrange. Un enfant qui sent que ses parents sont à l’aise, chacun dans sa culture, n’aura aucun problème d’identité.
La meilleure manière d’assurer un bilinguisme équilibré est d’assurer un contact régulier et stimulant avec chacune des langues, en veillant plus particulièrement à la langue minoritaire, c’est-à-dire celle qui n’est pas parlée dans la communauté. Il est important dans ce cas que le parent qui parle la langue minoritaire la parle régulièrement à son enfant. Ceci est plus difficile si lui-même ne la maîtrise pas parfaitement.
« Un vrai bilingue ne mélange jamais ses deux langues. Ceux qui mélangent ne maîtrisent aucune des deux langues correctement. »
Le mélange des langues est une étape fréquente, mais non générale, durant la phase d’acquisition du langage. Il est considéré comme un signe de créativité linguistique, et non de confusion.
Si le « mélange » persiste au-delà des premières années, il s’agit d’un mode de communication banal entre personnes bilingues qui partagent les mêmes langues.
« C’est la troisième langue du bilingue », selon le linguiste François Grosjean.
« Le mélange des langues est mauvais pour le développement de l’enfant. Les parents devraient prévenir ceci en se fixant des règles de une personne une langue. »
Le mélange des langues étant naturel chez les bilingues, il peut être difficile et artificiel, sinon impossible, de séparer complètement les deux langues. De toute façon, un enfant apprend très vite qui dans son entourage est bilingue et comprend donc le parler bilingue et qui ne le comprend pas. Et très vite, l’enfant utilise la langue adaptée à son interlocuteur !
Les avantages du bilinguisme sont nombreux ; en effet, les enfants bilingues auraient une plus grande flexibilité mentale, une capacité supérieure dans la formation de concepts et ils possèderaient un ensemble plus diversifié d’habilités mentales. Le bilinguisme chez les jeunes enfants contribue aussi au développement de la conscience métalinguistique (conscience de comment le langage fonctionne).
Les enfants bilingues ont également l’occasion d’explorer les similarités et les différences entre les deux langues au niveau des façons de s’exprimer, de voir et de lire le monde. Ceux-ci sont ainsi plus sensibles et conscients des langues et cultures.
Le lycée français International de Bangkok a ouvert, il y a quelques années, des classes bilingues français-anglais. Ces classes sont extrêmement populaires. Veuillez consulter le site du Lycée pour plus d’informations : www.lfib.ac.th