Rencontre avec Romain Mathieu qui a lancé sa marque de boisson « Aloe Drink for life » fabriquée dans leur centre de production en Thaïlande. Ce projet s’inscrit dans une démarche éco-responsable.
Bonjour Romain, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis d’origine bourguignonne. J’ai quitté la France à l’âge de 11 ans pour vivre au Japon avec ma mère et mon beau-père. Ayant une passion pour l’alimentaire, j’ai orienté ma carrière autour des produits. Après mon Bachelor of Science de l’Ecole Hôtelière de Lausanne, je suis parti à Hong Kong pour travailler dans l’import et la distribution de produits alimentaires de luxe (foie gras, truffe, wagyu, caviar, huitres, etc.). J’ai rejoint le groupe Classic Fine Foods où j’ai occupé plusieurs postes allant de commercial à Directeur Général en passant par Hong Kong, les Emirats Arabes Unis et la Thaïlande. Mais mon âme d’entrepreneur a été plus forte. J’ai décidé de créer un concept autour des boissons « bien-être » : Aloe Drink For Life. Je vis en Thaïlande depuis maintenant 6 ans avec ma femme Erika.
Vous avez lancé la marque « Aloe Drink For Life ». De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’une boisson fluide, rafraichissante contenant des morceaux de pulpes fraiches d’aloe vera. C’est une eau aromatisée très légère. Nous rentrons dans la catégorie des boissons alternatives, bonnes pour la santé, tout en intégrant une dimension plaisir, au même titre que l’eau de coco par exemple. Produite en Thaïlande, Aloe Drink For Life repose sur 3 piliers : bien-être, naturalité et fun !
Comment est née l’idée de ce projet ?
Nous connaissions déjà des boissons à base d’aloe vera mais elles n’étaient jamais très bonnes ou du moins pas en phase avec les attentes gustatives des consommateurs. Nous avons donc voulu répondre à une demande qui commençait à émerger.
Pourquoi avoir choisi de produire en Thaïlande ?
Tout d’abord, la Thaïlande est productrice des meilleures plantes d’aloe vera au monde et possède des conditions idéales pour les plantations. Nous avons créé une coopérative avec les agriculteurs dans la région de Prachuap Kirikan nous permettant ainsi un accès direct à la production. Nous contrôlons chacune des étapes et avons mis en place des standards et des formations agréant une certification de la qualité et surtout des livraisons quotidiennes d’aloe vera frais.
De plus, la Thaïlande est une excellente plateforme pour produire et exporter grâce à une infrastructure de qualité et des standards internationaux bien en place, facilitant ainsi la distribution vers toute destination.
Le marché « des boissons » est-il plus porteur en Asie ?
Le marché Asiatique est certainement plus mature et plus ouvert à la consommation de nouveaux produits. En Europe et en France tout particulièrement, les consommateurs sont assez conservateurs lorsqu’il s’agit de boire et de manger. C’est principalement lié à notre culture et patrimoine alimentaire riche.
Vos clients sont-ils basés exclusivement en Thaïlande ?
Non, principalement en Europe. Notre activité est actuellement à 95% à l’export. Cependant, nous venons d’attaquer le marché thaïlandais où nous sommes en vente depuis 3 mois. La proportion risque donc de changer en espérant trouver notre clientèle en Thaïlande. Les produits sont disponibles dans la gamme « Regular » à Family Mart et à Tops, The Mall (Gourmet Market) et Foodland pour la gamme « Organic ».
Les démarches ont-elles été difficiles pour créer votre centre de production en Thaïlande ? Y-a-t-il un réseau sur lequel vous avez pu vous appuyer pour lancer votre marque ?
Les démarches peuvent paraitre laborieuses mais elles restent relativement simples et logiques lorsqu’il s’agit de créer un outil de production. Il y a effectivement plusieurs étapes et départements gouvernementaux par lesquels il faut passer comme les FDA (Food and Drug Administration) ou l’ « excise tax », mais l’implantation peut se faire très rapidement.
Nous ne sommes passés par aucun réseau et avons lancé notre marque sans support. Ceci dit, plusieurs type d’incubateur existe en Thaïlande et peuvent être très utiles pour guider les entrepreneurs.
Votre projet s’inscrit-il dans une démarche éco-responsable ?
Complètement, nous avons intégré la notion eco-friendly au travers de plusieurs démarches notamment celle de notre coopérative avec les agriculteurs mais aussi via un programme spécialisé pour les femmes de plus de 40 ans travaillant dans notre unité de production. Nous avons d’ailleurs été récompensé dans le cadre d’un concours CSR (corporate social responsibility) – SME Sustainable Award en 2015.
Selon vous, la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) constitue-t-elle un levier de performance ?
Il est important de comprendre que ces notions « éco responsables » interviennent dans notre business model sous forme de « gagnant-gagnant ». En agissant ainsi, nous répondant également à nos besoins en tant qu’entreprise et cela permet de nous différencier dans notre produit fini et de proposer une valeur ajoutée unique dans le résultat gustatif de notre boisson. Ce type d’action se doit d’être durable sous tous les sens du terme à commencer par une durabilité financière afin d’assurer la pérennité du model et de nos actions écologiques.
Quels sont vos projets ?
Je participe actuellement à l’élaboration d’un réseau qui justement se veut d’accompagner les entrepreneurs qui proposent un bon « business model » avec une dimension environnementale ou sociale. Ce réseau s’appelle Sustainable BET et nous pensons vraiment répondre à un besoin pour les entrepreneurs en Thaïlande. C’est également une nécessité de se focaliser sur les entrepreneurs qui veulent, au travers d’un model durable, participer à un effort collectif pour l’environnement ou une communauté. A titre privé j’ai plusieurs projets en tête, principalement dans l’agriculture biologique.