Depuis juillet dernier, de nouveaux événements de networking ont vu le jour à Bangkok : les mercredis de la French Tech. Pour en savoir plus, nous nous sommes rendus dans les bureaux de Business France au sein de l’Ambassade, afin d’interroger Jean-François Goumy et Axel Baratte, qui participent au lancement de la French Tech en Thaïlande.
La French Tech en général, qu’est-ce que c’est et comment a-t-elle été créée ?
La French Tech a été lancée par Fleur Pellerin en 2014, dans le cadre de la mission numérique. L’objectif est d’apporter une dimension « communication » à l’écosystème des startups françaises, qui est aujourd’hui très dynamique. C’est aussi de promouvoir le savoir-faire français à l’international en terme de numérique, d’attirer des investisseurs étrangers, et de mettre en relation les acteurs du numérique d’aujourd’hui, qu’ils s’agissent de grands groupes ou de startups. Au final, il s’agit de « faire de la France une startup république dans la course mondiale à l’innovation » selon les propos de la ministre Fleur Pellerin.
La French Tech a eu un succès assez incroyable en Janvier dernier, au cours du Consumer Electronic Show de Las Vegas, qui est le salon mondial des produits de l’électronique grand public (Google, Apple y présentent leurs nouveaux produits). La France avait un pavillon de près de 120 participants. On était le pays européen le mieux représenté. La French Tech a accompagné toutes ces sociétés françaises pour leur apporter une dimension de communication et les mettre en valeur. On a invité des journalistes spécialisés, Emmanuel Macron s’est déplacé.
C’est à partir de ce moment que la French Tech a fait un véritable buzz, même auprès des journalistes américains. “Le grand vainqueur du CES sera la France“ ! Jason O. Gilbert, journaliste pour Yahoo Tech, n’a pas mâché ses mots pour décrire la forte impression laissée par la délégation française dans les allées du salon. Cela montre que la France a vraiment un atout spécial pour tout ce qui concerne le numérique.
Justement, en parlant de l’économie du numérique, qu’en est-il en Thaïlande ?
La Thaïlande prend conscience qu’il est primordial d’accélérer la digitalisation de l’économie. Le gouvernement pense que c’est une véritable opportunité pour se moderniser, et entend mettre en place des incentives pour aider les entreprises Tech, digitales. Ce développement de l’économie du numérique est une opportunité pour les entreprises françaises.
Cette initiative a démarré il y a 2 ou 3 ans en Thaïlande, au moment du lancement de la 3G, donc en 2012, c’est très récent. Sans 3G, on ne pouvait pas faire grand chose. Ça a aussi été à ce moment-là que des acteurs comme Rocket Internet ou Rakuten, dont les marché historiques devenaient matures, ont estimé qu’il fallait donc se lancer sur de nouveaux marchés, chercher des relais de croissance notamment en ASEAN.
C’est vraiment la conjonction du financement par ces groupes et l’émergence d’une possibilité technique grâce à la 3G, qui a permis l’émergence de l’économie du numérique en Thaïlande. La Thaïlande va bientôt passer à la 4G, or c’est un outil très important puisque cela accélère la capacité à mener des transactions. Par exemple, en Chine, 80 % de la société chinoise est connectée via un Smartphone, ce qui veut dire que sans débit, rien n’est possible.
Pouvez-vous nous parler de la French Tech à Bangkok, et des événements associés ?
Le gouvernement a décidé d’exporter et de développer à l’international la French Tech. Il y en a à Pékin, au Vietnam, et depuis peu en Thaïlande. Elle a été lancée en février dernier, au cours du rendez-vous des conseillers du commerce extérieur de la France. Eric de Ghellinck et Stéphane Lambert ont porté le projet, et un comité de pilotage a été mis en place (business France, la FTCC, l’Ambassade, etc.).
On a décidé de lancer des événements tous les premiers mercredi du mois à Bangkok. Le format est simple et interactif : à chaque événement, une startup se présente en 15 min, puis échange avec les participants, s’ensuit une soirée de networking. Le format est adapté à la communauté de la French Tech, qui est une communauté jeune, décontractée mais travailleuse. Le premier rendez-vous a eu lieu en juillet, nous en sommes au 4ème et nous avons déjà atteint la centaine de participants. Le format des présentations est vraiment intéressant car il permet aux nouvelles sociétés de se faire connaitre, et de peut-être trouver des opportunités d’investissement ou des partenaires, des associés.
Qui participe à ces événements ?
Concrètement en chiffres, 400 followers suivent nos activités sur les réseaux sociaux, soit 52 entreprises environ, issues de différents secteurs d’activités : télécoms, audit, consulting, e-commerce, marketing digital, médias, etc. Concernant les participants, il y a de tout : directeurs, consultants, executives…
Quel est l’objectif de ces rendez-vous ?
L’objectif : faire connaitre et faire grandir la communauté French Tech Thaïlande. On veut vraiment créer une communauté d’entreprises, à la fois publiques et privées, qui s’intègrent dans le paysage thaï. On a un noyau dur composé d’entrepreneurs français, mais petit à petit on veut incorporer des acteurs thaïs pour créer des opportunités business et développer une communauté, un système d’entraide pour aider les entreprises qui se lancent sur le marché thaïlandais. Les événements permettent aux participants de se rencontrer, de se créer un réseau et de trouver des opportunités business. Le but est d’accompagner le développement de certains secteurs stratégiques, des acteurs de l’IT, de l’e-commerce.
Quelles sont les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les startups ou entreprises qui se lancent sur le marché thaï ?
Les barrières ne sont pas forcément plus ou moins fortes qu’ailleurs. Elles concernent la levée de fond, la fiscalité, l’administratif. C’est juste que par rapport à la France il n’y a pas véritablement de cadre, de structure d’accompagnement pour ce type de startups innovantes, mais c’est en train d’évoluer. Par exemple, chaque groupe télécom a son incubateur aujourd’hui. C’est une façon de cultiver en interne l’innovation, de faire des programmes d’accélération (coaching, compétences).
Il y a aussi de plus en plus d’espaces de coworking. Pour les grands groupes, c’est vraiment un moyen de se remettre en question, de s’ouvrir sur le monde, d’avoir des « innovateurs » qui vont les challenger au quotidien. Ce modèle de coopération grands groupes/startups fonctionne bien aux EU et en Europe, et ici on en est au démarrage.
Avez-vous des exemples de succès de startups françaises en Thaïlande ?
Oui, par exemple Wearyouwant de Julien Chalté : il a réussi récemment à lever des fonds, plusieurs millions au Japon pour développer un site/application qui distribue des vêtements en Thaïlande. C’est l’exemple type de l’entrepreneur qui a réussi. On peut aussi citer Verylocaltrip, qui permet de vivre une expérience de voyage avec les locaux. L’entrepreneur avait profité d’un programme d’accélération à Singapour, et a récemment levé des fonds.
Pour conclure, comment participer, entrer dans la communauté French Tech ?
Aujourd’hui, tout le monde peut participer aux événements pour avoir accès à un réseau, il n’y a pas de membership. On est sur une dynamique communautaire basée sur le bénévolat, donc c’est vraiment l’envie de partager une sorte d’aventure collective, de partager ses contacts, qui est important. S’il y a eu une croissance aussi rapide de la communauté, c’est qu’il y avait une véritable attente, cette dernière était très éparpillée, et avait besoin d’être fédérée. Cela permet aux membres de tisser des liens, de trouver des synergies et de s’entraider.
Et on voit déjà des résultats concrets : il y a du business, des rapprochements qui se font et qui sont très positifs pour les différents intervenants.