La Thaïlande est la seconde économie de l’Asie du Sud-Est et cela après l’Indonésie. Le pays est un royaume puisqu’il est une dictature militaire sous commandement monarchique. Il est actuellement dirigé par un gouvernement militaire qui a pris le pouvoir par un coup d’état en Mai 2014. Les premières élections Thaïlandaises tant attendues suite à la prise de pouvoir de la junte militaire en 2014 auront lieu à la fin du mois.
Le contexte politique au sein de la Thaïlande
En mars, la Thaïlande va connaître ses premières élections législatives depuis que l’armée a pris le pouvoir du pays en 2014. Pour comprendre le contexte politique du pays, voici un petit résumé de l’histoire politique du royaume Thaïlandais.
En 1932, la Thaïlande est devenue une monarchie constitutionnelle. Cependant, cette année-là, une partie de l’armée se révolte et renverse la monarchie absolue. C’est alors que le Roi est contraint d’accepter la première Constitution du pays. Depuis, la Thaïlande a promulgué 18 constitutions et connu plus d’une vingtaine de coups d’Etat, dont 12 qui ont réussis : cette pratique fait donc partie de la vie politique et de la stabilité du royaume et cela a permis aux militaires de diriger le pays jusqu’au début des années 90.
En Mai 1992, de nombreuses personnes réclament le départ du premier ministre, le commandant Suchinda Kraprayoon. Toutefois, ce dernier tente de réprimer le mouvement à tel point que le roi intervient le 20 Mai de la même année. Il demande alors au leader des manifestations et au premier ministre de mettre fin aux violences et de travailler ensemble : c’est un réel tournant dans la vie politique de la Thaïlande. C’est le début des élections législatives et les pouvoirs des militaires sont alors réduits en faveur du gouvernement civil. Le pays bascule alors vers la démocratie.
Malgré cela, l’ascension d’un homme va venir bouleverser la vie politique du pays. Suite à une crise économique qui a frappé fortement l’Asie du Sud-Est en 1997, le libéral Thaksin Shinawatra est élu premier ministre en 2001 et il est également réélu en 2005. Il est très populaire au sein du pays, mais cela fait de l’ombre au Roi. Par conséquent, en Septembre 2006, Thaksin Shinawatra se fait renverser par l’armée et cela avec le soutien du roi. La constitution de 1997 est donc abolie.
A cette période, les premiers ministres se succèdent, et cela dans l’instabilité du conflit entre les pro-Thaksin et les élites traditionnelles de Bangkok proches du Palais royal : pour ces derniers, Thaksin représente une menace pour la monarchie.
En 2010, les pro-Thaksin sont alors écrasés par l’armée et en 2011, de nouvelles élections sont organisées et la sœur de Thaksin, Yingluck Shinawatra, est élue premier ministre.
Néanmoins, le 22 Mai 2014, l’armée reprend le pouvoir par un nouveau coup d’Etat. La Thaïlande redevient une dictature militaire : l’armée et le Roi forment un Etat au sein même de l’Etat et ils souhaitent conserver le pouvoir. Le pays fonctionne sous le régime d’une monarchie constitutionnelle. Le Roi est donc le chef de l’Etat et le premier ministre de Thaïlande, lui, est le chef du gouvernement et il détient le pouvoir exécutif. Cette fonction existe depuis la révolution de 1932, quand le pays est devenu une monarchie constitutionnelle.
Comment fonctionne le système électoral au sein du Royaume Thaïlandais ?
La Thaïlande étant une monarchie constitutionnelle. Le Roi est le chef de l’Etat et le premier ministre de Thaïlande, lui, est le chef du gouvernement et il détient le pouvoir exécutif.
Mais comment fonctionne le système électoral au sein du Royaume ?
La constitution provisoire prévoit une Chambre basse de 500 membres et 250 membres à la Chambre haute. Les membres de la Chambre basse sont élus pour 4 ans en comparaison aux membres de la Chambre haute élus pour 5 ans.
La chambre basse réunit des circonscriptions uninominales avec une représentation proportionnelle. Sur les 500 membres de la chambre basse, 350 sont choisis au moyen d’élections directes dans des circonscriptions uninominales. L’ordre donné par la junte en novembre de redessiner les circonscriptions électorales a donné lieu à des plaintes de gerrymandering, mais nous ignorons si ce changement sera favorable ou non pour la junte.
Les membres restants de la Chambre basse sont élus à la représentation proportionnelle à partir des listes du parti. Mais la constitution provisoire est conçue pour attribuer davantage de sièges à des partis plus petits, donnant ainsi au parlement un éventail de voix plus large. Les partisans de Thaksin ont alors réagi en organisant ces plus petits partis.
Pour créer un gouvernement stable, un parti ou une coalition doit détenir à la fois une majorité à la chambre basse et un poste de premier ministre. Mais la constitution provisoire exige que le Premier ministre obtienne la majorité des membres réunis des chambres haute et basse. Cela se traduit par au moins 376 sièges sur 750.
Quand auront lieu les prochaines élections ?
Les prochaines élections législatives auront lieu le 24 Mars prochain. Ce seront les premières depuis que la junte militaire a pris le pouvoir, il y a 5 ans en 2014.
Quels en sont les enjeux de ces élections et que vont-elles concrètement changer pour la Thaïlande ?
Ce vote mettra à l’épreuve la capacité de la Thaïlande à retrouver une démocratie stable après près de 5 années de régime militaire. La question principale de ces élections est de savoir si le royaume peut rompre le cycle des dernières, qui étaient suivies par des troubles civils et un coup d’État.
Depuis que la Thaïlande a adopté une monarchie constitutionnelle en 1932, elle a connu plus de 20 coups d’État et bien qu’elle se soit industrialisée plus tôt que la plupart des autres pays d’Asie du Sud-Est, son économie n’a pas atteint son plein potentiel, en partie à cause des troubles politiques récurrents. Ces troubles ont empêché le gouvernement de s’attaquer à d’importants problèmes économiques et sociaux, tels que les infrastructures sous-développées et les inégalités économiques entre zones urbaines et rurales. Les coups d’Etat ont également terni la réputation de la Thaïlande.
La tenue d’élections libres et régulières et le transfert progressif du pouvoir aux autorités civiles avant le mois de juin donneront à la Thaïlande l’occasion de revenir aux bonnes grâces de la communauté internationale.
Qui sont les principaux candidats de ces élections législatives ?
La Thaïlande entretient un système multipartite. Il existe trois principales forces politiques en Thaïlande : le parti Palang Pracharat, le parti Pheu Thai et le parti démocrate.
Le parti de Palang Pracharat est le parti pro-militaire. La plupart des membres de la junte qui souhaitent se lancer dans une carrière politique suivent ce parti. Le chef de ce dernier est Uttama Savanayana, l’actuel ministre de l’Industrie de la junte. D’autres ministres ont également rejoint le groupe. Le parti Palang Pracharat espère tirer parti des avantages populistes de la junte.
Prayut Chan-o-cha – Candidat du parti Palang Pracharat
Le parti Pheu Thai abrite les partisans du Premier ministre déchu, Thaksin Shinawatra, et de sa sœur et successeur, Yingluck, qui a également été révoqué par un coup d’État. Pheu Thai est le descendant direct du parti Thai Rak Thai, formé par Thaksin en 1998. Depuis, les groupes pro-Thaksin, sous diverses formes, n’ont jamais perdu d’élections générales.
Khunying Sudarat Keyuraphan – Candidate du parti Pheu Thai
Le parti démocrate dirigé par l’ancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva. Il a été formé en 1946 et est le plus ancien parti politique du pays. Les démocrates sont au centre de la politique thaïlandaise depuis longtemps, mais ils n’ont jamais vaincu les forces de Thaksin. Le parti a toujours eu des valeurs démocratiques libérales, mais il a adopté une position plus autoritaire ces dernières années.
Abhisit Vejjajiva candidat du parti démocrate
Quel est le parti favori pour ces élections ? Et qu’est ce que cela va-t-il changer ?
Le parti Pheu Thai a une forte place dans le Nord et le Nord-Est de la Thaïlande, il serait le plus populaire en Thaïlande mais le parti militaire Palang Pracharat travail beaucoup pour changer cela, il souhaite que l’actuel premier ministre soit réélu.
C’est également possible que la course des trois partis s’achève sans parti majoritaire sachant que cela sera difficile à atteindre, même pour les favoris.
Le parti Pheu Thai et ses alliés pourraient remporter 220 sièges à la Chambre basse, ce qui lui donnerait la plus grande part sans toutefois atteindre la majorité. Palang Pracharat, lui, occuperait 80 sièges et les démocrates devraient remporter 100 sièges.
Suite aux résultats des élections, les choses pourraient devenir difficiles. Pour créer un gouvernement stable, un parti ou une coalition doit détenir à la fois une majorité à la chambre basse et un poste de premier ministre. Mais la constitution provisoire exige que le Premier ministre obtienne la majorité des membres réunis des Chambres haute et basse. Cela se traduit par au moins 376 sièges sur 750. Palang Pracharat pourrait y parvenir simplement en réussissant à former une coalition majoritaire de 251 membres ou plus à la Chambre basse, sachant que cette dernière détient en réalité un contrôle total sur la Chambre haute. Pour que les groupes anti-junte puissent former un gouvernement stable, ils doivent contrôler 376 membres, tous issus de la chambre basse, ce qui est très élevé.
Avec 126 sièges à la Chambre basse, les groupes favorables à la junte peuvent disposer de suffisamment de voix pour choisir le Premier ministre, avec l’aide de la Chambre haute. Dans ce scénario, une coalition anti-junte pourrait contrôler la Chambre basse. Si cela se concrétise, d’autres troubles politiques pourraient suivre.
La politique thaïlandaise, longtemps dominée par la famille Royale et l’armée thaïlandaise, avec le soutien de l’élite des affaires basée à Bangkok, est toujours à la recherche d’une transition démocratique ordonnée. Les gouvernements civils élus sont systématiquement évincés par l’armée, donnant à la Thaïlande la distinction douteuse parmi le plus grand nombre de coups d’État. Le jeu du chat et de la souris entre l’armée et les partis politiques persiste depuis des décennies.
Mais la vraie question est de savoir si les partis d’opposition – ceux liés à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui vit maintenant en exil – peuvent réunir suffisamment de soutien pour former un gouvernement.
Avec les nominations à la junte, il semblerait que Palang Pracharat, le nouveau parti de Prayuth, et ses alliés, pourraient choisir le prochain Premier ministre en remportant simplement 126 sièges à la Chambre basse.
La nouvelle constitution a attribué 150 «sièges de liste de parti» sur la base de leur part du vote global, ce qui rend très improbable qu’un parti puisse nommer le prochain Premier ministre. Des alliances seront donc potentiellement nécessaires.