La Thaïlande s’apprête enfin à franchir un pas longtemps repoussé : la mise en œuvre officielle de la taxe touristique de 300 bahts pour les visiteurs arrivant par avion, et 150 bahts pour ceux entrant par voie terrestre ou maritime. Cette décision, promise depuis plusieurs années, vient d’être relancée par le nouveau ministre du Tourisme et des Sports, Artthakorn Sirilatthayakorn, qui a annoncé son entrée en vigueur d’ici quatre mois.
La taxe touristique, une mesure longtemps reportée
Depuis son approbation initiale en février 2023, la taxe touristique thaïlandaise a connu de nombreux reports. Entre les changements de gouvernement, les craintes liées à la reprise post-pandémie et la volonté de préserver l’attractivité du pays, la mesure n’a jamais été mise en œuvre.
Mais aujourd’hui, le ministre Sirilatthayakorn semble décidé à aller de l’avant, affirmant que cette taxe est essentielle pour assurer un tourisme durable et mieux organisé. Il a d’ailleurs classé ce dossier parmi ses priorités absolues.
Pourquoi une taxe touristique en Thaïlande ?
La mise en place d’une taxe de 300 baht (environ 7,50 €) pourrait susciter des interrogations, mais le gouvernement assure qu’elle a des objectifs concrets et utiles.
Selon le ministère du Tourisme, ces fonds seront alloués à deux axes principaux :
L’assurance des visiteurs étrangers : une partie des recettes servira à couvrir les frais médicaux d’urgence des touristes pendant leur séjour.
Le développement des infrastructures touristiques : amélioration des routes d’accès, des services d’accueil, et protection des sites naturels et culturels.
L’idée est donc de faire contribuer chaque visiteur à la préservation du patrimoine et au renforcement de la sécurité du tourisme dans le pays du sourire.
Cette annonce s’inscrit dans une stratégie plus large de relance du tourisme thaïlandais. Le pays vise à atteindre 33,4 millions de visiteurs étrangers en 2025, soit un chiffre encore légèrement inférieur aux niveaux pré-pandémiques (environ 40 millions en 2019), mais en nette progression.
Pour soutenir cette reprise, le ministère prévoit également :
Des campagnes de promotion internationales d’ici la fin de l’année ;
La distribution des 1,76 milliard de bahts restants d’un programme de subvention destiné à stimuler le tourisme intérieur ;
De nouvelles initiatives numériques pour faciliter les démarches de visa et d’assurance voyage.
Une taxe encore controversée
Malgré ces bonnes intentions, les premières réactions sont mitigées. Les hôteliers et agences de voyage reconnaissent l’intérêt de la mesure, à condition qu’elle soit gérée de manière transparente et réinvestie localement.
Du côté des voyageurs, les avis sont partagés. Certains y voient une initiative juste, d’autres redoutent une complexité supplémentaire dans leurs démarches.
Plusieurs critiques reviennent souvent :
Certains estiment que cette taxe pourrait être perçue comme une barrière financière, surtout pour les voyageurs à petit budget.
D’autres s’interrogent sur la transparence dans l’utilisation des fonds — comment s’assurer que l’argent collecté profitera réellement au développement touristique ?
Enfin, les professionnels du tourisme craignent que cette mesure ne freine légèrement la reprise des arrivées internationales, dans un contexte où la concurrence entre destinations est très forte (Vietnam, Malaisie, Indonésie…).
Des précédents ministériels hésitants
Avant Artthakorn Sirilatthayakorn, plusieurs ministres avaient promis de mettre en place la taxe touristique sans jamais aller au bout. Sorawong Thienthong, son prédécesseur, avait lui aussi évoqué une entrée en vigueur d’ici fin 2025, avant d’abandonner le projet.
Ce manque de continuité politique a créé une incertitude prolongée pour les acteurs du tourisme, mais le ministre actuel assure que cette fois-ci, la mesure sera appliquée.
“Nous devons montrer aux visiteurs que cette taxe leur profite directement — par une meilleure sécurité, des infrastructures modernes et une assurance en cas d’incident”, a-t-il déclaré.
Faut-il craindre la taxe touristique ?
En réalité, la Thaïlande n’est pas le premier pays à instaurer une telle taxe.
De nombreuses destinations populaires — comme Bali, Paris, Venise ou encore le Japon — appliquent déjà une taxe de séjour similaire pour financer leurs infrastructures et la gestion du tourisme de masse.
Ainsi, la taxe touristique thaïlandaise n’est pas une sanction, mais plutôt une contribution symbolique des visiteurs au développement durable du pays. Et à 300 baht, le montant reste modeste au regard du coût global d’un voyage en Thaïlande.
Le gouvernement étudie encore le mode de perception le plus efficace et le moins contraignant pour les visiteurs.
Les options envisagées incluent :
Un paiement intégré au billet d’avion, directement lors de l’achat ;
Une perception à l’arrivée dans les aéroports, via les compagnies aériennes ou les douanes ;
Une plateforme en ligne dédiée, pour les voyageurs entrant par voie terrestre ou maritime.
L’objectif est de garantir une procédure fluide et automatisée, sans ralentir les flux touristiques aux points d’entrée.
Une étape décisive pour le tourisme thaïlandais
La Thaïlande a longtemps misé sur un tourisme de masse pour stimuler son économie. Mais après la crise du COVID-19, le gouvernement souhaite réorienter le modèle vers une approche plus durable et qualitative. La taxe touristique s’inscrit dans cette logique : elle permettrait de générer des revenus sans alourdir excessivement le coût du voyage, tout en renforçant la responsabilité environnementale du secteur.
L’instauration de cette taxe touristique représente un tournant important pour la Thaïlande.
Si elle est appliquée dans les délais annoncés, elle pourrait devenir un modèle de financement durable du tourisme national.
Tout dépendra de la manière dont les fonds seront gérés — et de la capacité du gouvernement à convaincre les visiteurs que leur contribution sert réellement à préserver la beauté et l’hospitalité du royaume.
FAQ — Taxe Touristique en Thaïlande
1. Quand la taxe touristique entrera-t-elle en vigueur ?
Le ministre a promis sa mise en place d’ici quatre mois, soit probablement début 2026.
2. Quel sera le montant exact de la taxe ?
300 baht pour les arrivées par avion
150 baht pour les arrivées terrestres ou maritimes
3. Qui devra payer cette taxe ?
Tous les touristes étrangers, à l’exception de certaines catégories (résidents longue durée, diplomates, enfants en bas âge, etc.).
4. À quoi servira l’argent collecté ?
À financer une assurance de base pour les visiteurs et à améliorer les infrastructures touristiques dans tout le pays.
5. Cette taxe risque-t-elle de décourager les voyageurs ?
Peu probable, car son montant reste modeste et comparable à celui d’autres destinations internationales.
Pour les voyageurs prévoyant de visiter la Thaïlande en 2026, il faudra surveiller de près l’évolution de cette taxe. Le gouvernement devra impérativement clarifier ses modalités — sinon le tollé pourrait entraîner un report ou une annulation, comme cela a été le cas par le passé.