Qualifié comme étant “la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique”, le conflit opposant les États-Unis d’Amérique et la Chine ne voit pas de fin et pourrait bien toucher plus de pays que prévu, notamment en Asie du Sud-Est.
La Guerre Commerciale entre Donald Trump et la Chine
« La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est déclarée. », 6 Juillet 2018, Capital
« Subissant de nouvelles taxes douanières des États-Unis, la Chine riposte. », 23 Août 2018, Le Temps
« Trump annonce des taxes de 10% sur 200 milliards de biens chinois. », 18 Septembre 2018, Europe 1
C’est une avalanche de titres plus révélateurs les uns que les autres qui déferle dans la presse mondiale depuis le début de cette année 2018 qui a particulièrement été marquée par le bras de fer de deux géants économiques : les États-Unis et la Chine. Cette dispute d’ordre commercial est ponctuée par des hausses de taxes douanières et des menaces proférées entre les deux puissances, lancée sous la présidence de Donald Trump.
HISTORIQUE
22 Janvier 2018 : Donald Trump met en place un plan « sur 4 ans » de taxes douanières à hauteur de 20% sur les machines à laver et de 30% sur les panneaux solaires.
NDLR : La Chine est le principal producteur mondial de panneaux solaires, et le premier pays exportateur de machines à laver vers les États-Unis.
8 Mars 2018 : Les États-Unis mettent en place des droits de douane de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium, mais dressent une liste de pays temporairement exemptés de cette taxe tels que : l’Union Européenne, le Mexique, le Canada, l’Argentine, le Brésil, la Corée de Sud … excluant ainsi le Japon et la Chine.
22 Mars 2018 : Plus de 1300 produits parmi les écrans plats, les armes, les satellites, le matériel médical, les pièces automobiles, et les batteries sont soumis à une augmentation des droits de douane à hauteur de 60 milliards de dollars décidée par Trump.
23 Mars 2018 : La Chine dévoile plus de 128 produits soumis à une augmentation des droits de douane allant de 15% à 25%. Ces produits en question constituent un volume d’échange de 50 milliards de dollars entre les deux géants.
16 Avril 2018 : Le gouvernement américain interdit l’utilisation des biens ou services d’origine américaine à ZTE, important producteur chinois de téléphones portables et d’équipements téléphonique pour 7 ans.
Juin 2018 : Trump instaure des taxes douanières contre la Chine à hauteur de 25% sur 800 types de produits différents, sur un volume d’importations de 50 milliards de dollars. En guise de réponse, la Chine annonce des sanctions similaires sur 659 types de produits, parmi lesquels les voitures, les produits de la mer ou encore le soja.
6 Juillet 2018 : Des droits de douane de 25% sont mis en place sur 34 milliards de dollars d’importations sur les 50 milliards de dollars annoncés.
Août 2018 : Le Congrès Américain vote une loi qui interdit l’utilisation par les différentes administrations américaines de tout matériel provenant de Huawei, ZTE, Hikvision, Dahua Technology et Hytera Communications. De plus, les deux géants mettent en place des droits de douanes chacun de leur côté sur 16 milliards de dollars d’importations en complément de ceux mis en place en Juillet 2018.
Septembre 2018 : Les États-Unis mettent en place une série de taxes douanières de 10 % sur 200 milliards de volume d’importations chinoises. En réponse à cela, la Chine met en place des taxes douanières de 5% à 10 % sur un volume de 60 milliards d’importations américaines.
POURQUOI ?
Qu’est-ce qui pousse la puissance étasunienne à attaquer répétitivement le géant chinois ? Donald Trump a réfléchit de manière très simple : aux vues du déficit commercial étasunien avec la Chine, il n’a pas grand chose à perdre en actionnant une guerre commerciale.
En effet, les importations américaines en Chine s’élèvent à 150 milliards, tandis que celles chinoises aux États-Unis atteignent les 500 milliards. Trump a donc beaucoup plus de matière à taxer, la Chine se retrouvera à court d’argument plus rapidement.
LA MANIÈRE DOUCE ?
En Août 2018, la Chine a porté plainte auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce – seule organisation internationale qui s’occupe des règles régissant le commerce entre les pays – afin de contester l’entrée en vigueur des droits de douanes. À ce jour, nous ne savons pas si cette requête a ou va aboutir.
Des Répercussions Mondiales Possibles
Pour le moment, les dommages infligés par ce bras de fer à l’économie chinoise sont moindres, et représentent entre 0,2% et 0,5% du PIB* chinois.
*Produit Intérieur Brut : indicateur économique qui permet de mesurer la production économique intérieure d’un pays.
Néanmoins, compte tenu de l’apparente pérennisation de cette guerre commerciale – constante augmentation des tarifs douaniers américains sur les importations chinoises, et les représailles de la Chine à prévoir en réponse -, des coûts et conséquences économiques pourraient être à prévoir.
« Lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. », Jean-Luc TOURNIER
Cette guerre commerciale pourrait toucher les pays du monde entier de manière indirecte.
Si l’économie chinoise est touchée, l’économie mondiale risquerait d’en souffrir.
LE CAS APPLE
L’augmentation des droits de douanes touche de plein fouet le secteur de la technologie qui fait fabriquer un grand nombre de pièces en Chine, et qui est donc l’un des plus gros perdants potentiels dans cette histoire.
La marque Apple est le parfait exemple de l’effet domino que ce conflit pourrait avoir sur le long terme. L’entreprise est très dépendante de la Chine via les 10 000 personnes qu’elle y emploie. Face aux enjeux économiques de cette guerre commerciale, Apple a déploré dans une lettre au Congrès Américain l’augmentation inévitable de ses prix aux États-Unis afin de balancer les nouvelles taxes.
… et l’unique réponse que la firme a reçue est un tweet cinglant de Donald Trump lui-même.
« Les prix d’Apple pourraient augmenter suite aux importantes taxes que nous imposerions en Chine – mais il existe une solution simple qui implique ZÉRO taxes, et même une incitation fiscale. Fabriquez vos produits aux États-Unis au lieu de le faire en Chine. Commencez à construire de nouvelles usines maintenant. Excitant ! »
Même si ce scénario n’est pas encore sérieusement envisagé, il pourrait être dangereux pour la puissance chinoise. Si les entreprises américaines venaient à être contraintes de changer leur chaîne d’approvisionnement pour se protéger de ces taxations américaines, les conséquences économiques et professionnelles pour la Chine seraient très graves.
… Mais plus loin que la Chine, la plupart des entreprises technologiques américaines font assembler leurs produits en Asie du Sud-Est pour des raisons évidentes de coûts – main d’œuvre et composants. Un tel changement pourrait donc être catastrophiques.
Et la Thaïlande ?
Pour le moment, les éventuels effets du commerce international entre la Chine et les États-Unis sur la Thaïlande restent complexes à mesurer.
Le Royaume de Siam approvisionne également les entreprises chinoises qui exportent vers les États-Unis, il pourrait donc être directement impacté par ce bras de fer.
OR, le point fort de la Thaïlande, est qu’elle le fait … de manière assez marginale. Autrement dit, le pays ne pourrait pas éviter d’avoir une retombée négative du scénario énoncé auparavant,
MAIS ces retombées seront limitées et bien moins importantes que pour d’autres pays d’Asie du Sud-Est.
Les retombées seraient-elles seulement négatives pour la Thaïlande ?
NON. Le pays entier pourrait bénéficier de cette guerre commerciale en accueillant simplement les entreprises qui cherchent à quitter la Chine pour échapper aux taxes décidées par Trump.
LE CAS HARLEY DAVIDSON
Quitter la Chine pour échapper à ces taxes douanières ? C’est exactement que Harley Davidson a décidé de faire. La firme a d’ores-et-déjà construit une usine de motos en Thaïlande en 2018 afin d’approvisionner le marché asiatique sans aucun risque de conséquences directes liées aux représailles engagées par la Chine face aux États-Unis.
Outres les taxes douanières évitées, ce déménagement a également contribué à réduire les délais de transport, envisager une pénétration plus large du marché asiatique et également à consolider leur réactivité sur place.
En conclusion, ce bras de fer entre les deux titans du monde moderne ne représente pas un réel danger imminent pour la Thaïlande. Au contraire, beaucoup d’entreprises peuvent voir le Royaume de Siam comme la promesse d’un nouveau futur sauvés des taxes qui ne semblent pas faiblir.
La Thaïlande a beaucoup de choses à offrir à ces potentiels nouveaux arrivants, et ne ferait que continuer la route de future troisième mégalopole d’Asie.
… affaire à suivre
Source – ThailandeFR
Source – Wikipédia
Source – Le Temps
Source – Capital
Source – Europe 1
Source – La Tribune
Source – ThailandeFR