Vous êtes-vous déjà dit un matin au saut du lit qu’il ne vous serait désormais plus possible d’avaler un scorpion de plus ?
Fait peu commun pour un habitant de la province septentrionale d’Uttaradit, où les insectes font partie de l’ordinaire, c’est exactement cette pensée qui a traversé un beau jour l’esprit de Suang Puangsri.
Si vous n’avez jamais croisé à Bangkok ou Chiang Mai un Thaï poussant son chariot de friandises à pinces, antennes et pattes innombrables, vous l’ignorez peut-être: la Thaïlande est un de ces pays où sauterelles, scorpions et scarabées sont jugés comestibles. Grillés, on les accommode avec un peu de sauce soja et il n’y a plus qu’à les laisser chanter sous sa dent. Un délice !
Comme bon nombre d’habitants de sa région, Suang Puangsri était friand de scorpions, jusqu’au jour où il s’est dit : « Stop ! » Mais au lieu d’exclure ces insectes de son quotidien, ce dernier a décidé au contraire de leur abandonner la moitié de sa maison. A l’âge de 38 ans, cet habitant du village de Fark Ta qui élevait jusqu’alors des scorpions pour fournir les restaurants locaux a subitement été pris de remords et, pour se racheter, a converti son rez-de-chaussée en un vivarium accueillant 4 600 de ces petites bêtes.
« Bien sûr, j’appréciais le fait de gagner de l’argent, mais au fond de moi-même, le sort que je réservais à ces insectes me faisait souffrir », a-t-il confié à l’agence Reuters. Mais Suang s’est réconcilié avec ses convictions bouddhistes : il loge désormais ses protégés dans un enclos ombragé de 5×6 m où lui-même vient s’installer chaque jour pour y méditer pendant une heure.
En plus du gîte et du couvert, chaque jour Saunag sacrifie un bon kilo de sauterelles vivantes, qui deviennent le repas de ses colocataires, mais il n’a pas précisé au correspondant de l’agence Reuter en quoi cela ne constituait pas un autre péché.
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